À l’occasion du 3e anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, je suis partie en Ukraine du 23 au 27 février. Un déplacement parlementaire dans un pays en guerre initié par Gabriel Attal, président du groupe d’amitié France-Ukraine à l’Assemblee nationale, en présence de ma collègue députée, Natalia Pouzyreff.
Avec pour objectif de réitérer notre soutien au peuple Ukrainien, d’évaluer les aides apportées (militaires, financières et humanitaires) et de mieux appréhender les besoins de soutien de l’Ukraine.
3 jours intenses et éclairants, 2 nuits en train, 1 nuit à l’hôtel dans une ville bombardée (2 drônes explosent à quelques centaines de mètres de notre hôtel).
Un déplacement qui restera gravé dans mon mandat de députée. Et une conviction : poursuivre notre soutien à l’Ukraine et construire une vraie Europe de la Défense, une Europe souveraine.
- Jour 1 – 24 février 2025 : KYIV
Arrivés tôt en ce lundi de triste anniversaire par le train de nuit de la frontière polonaise, nous avons participé à la cérémonie commémorative avec un dépôt des lampadaires, place Maidan, en présence du président Volodymyr Zelensky, de la présidente de la commission européenne et de nombreux chefs d’État.
- Jour 2 – 25 février 2025 : oblast (région) de ZAPORIZHZHIA
Sur l’impulsion de Gabriel Attal, président du groupe d’amitié France-Ukraine de l’Assemblée nationale, le déplacement parlementaire en Ukraine s’est poursuivi hier.
Après une 2e nuit en train, alors que dans la nuit la Russie a lancé 213 drones sur l’Ukraine, nous sommes arrivés mardi, au petit matin à Zaporizhzhia, grande ville du sud de l’Ukraine.
Régulièrement frappée par des attaques aériennes depuis le début de l’invasion russe (plusieurs alertes pendant notre journée), l’oblast de Zaporijjia, revendiquée par la Russie tient le front de guerre.
Alors que peu de représentants occidentaux se rendent dans cette zone, nous avons tenu à aller témoigner notre soutien aux parties prenantes mobilisées : les autorités, les vétérans, les représentants humanitaires de l’ONU, une famille dont le logement a été dévasté par une frappe aérienne… L’occasion également de recueillir leurs témoignages pour mieux comprendre ce conflit et ajuster nos aides.
𝙑𝙞𝙨𝙞𝙩𝙚 𝙙’𝙪𝙣 𝙝𝙤̂𝙥𝙞𝙩𝙖𝙡 𝙢𝙞𝙡𝙞𝙩𝙖𝙞𝙧𝙚
En Ukraine, aucun bâtiment n’est à l’abri. À l’image de l’hôpital militaire que nous avons visité, avec des échanges avec un personnel médical engagé et déterminé.
𝙍𝙚𝙣𝙘𝙤𝙣𝙩𝙧𝙚 𝙖𝙫𝙚𝙘 𝙙𝙚𝙨 𝙫𝙚́𝙩𝙚́𝙧𝙖𝙣𝙨
C’est avec beaucoup d’admiration et de reconnaissance, mais aussi d’humilité et d’émotion, que nous avons écouté les témoignages des vétérans. Avec la maire par intérim Rehina Karchenko, nous avons échangé sur les programmes de soutien aux vétérans, les initiatives de réintégration, mais aussi sur les réalités de cette guerre. Des échanges essentiels pour comprendre ce conflit, avec la nouvelle donne militaire que sont les drones.
𝙄𝙣𝙖𝙪𝙜𝙪𝙧𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣 𝙙𝙚 𝙡’𝙚́𝙘𝙤𝙡𝙚 𝙨𝙤𝙪𝙩𝙚𝙧𝙧𝙖𝙞𝙣𝙚 « 𝙋𝙚𝙩𝙧𝙤𝙥𝙞𝙡 𝙇𝙮𝙘𝙚𝙪𝙢 »
C’est avec le gouverneur Ivan Fedorov que Gabriel Attal a inauguré la 3e école souterraine de l’ombast (région) de Zaporizhzhia. Selon l’ONU, au moins 576 attaques ont touché des établissements d’enseignement en Ukraine en 2024, une hausse de 96% par rapport à l’année précédente. Tandis que la guerre entre dans sa quatrième année, le gouvernement ukrainien agit pour ramener en classe les enfants qui suivent des études à distance depuis le début du conflit. C’est pourquoi des écoles souterraines sont construites dans les zones les plus touchées par les bombardements, comme à Zaporijjia, afin de permettre aux élèves de mieux étudier et de se socialiser. Nous y avons retrouvé, pour leur 1ère journée d’école, des élèves heureux de se retrouver et d’avoir un enseignant en face d’eux. Personnellement, j’ai été très touchée par la résilience de ces enfants qui rentrent sous terre pour apprendre à l’abri des frappes de missiles, bombes ou drones russes que cette région subit au quotidien, et par l’engagement de leurs enseignants.
𝙑𝙞𝙨𝙞𝙩𝙚 𝙙𝙪 𝙗𝙖𝙧𝙧𝙖𝙜𝙚 𝙝𝙮𝙙𝙧𝙤𝙚́𝙡𝙚𝙘𝙩𝙧𝙞𝙦𝙪𝙚 𝙙𝙚 𝘿𝙣𝙞𝙥𝙧𝙤
C’est en amont de la ville, à une soixantaine de kilomètres de la centrale de Zaporijia, sur le Dniepr, que se situe ce barrage hyrdoélectrique, le plus gros d’Ukraine. Nous avons pu nous rendre compte de l’état de cet ouvrage fréquemment la cible d’attaques aériennes russes, comme celle de mars 2024, avec 8 missiles russes qui ont infliger d’énormes dégâts (5 turbines sur 8 endommagées ou détruites). Mais aussi mesurer la détermination de Ukrainiens à reconstruire leurs équipements.
𝙍𝙚𝙣𝙘𝙤𝙣𝙩𝙧𝙚 𝙖𝙫𝙚𝙘 𝙡𝙚𝙨 𝙧𝙚𝙨𝙥𝙤𝙣𝙨𝙖𝙗𝙡𝙚 𝙙𝙪 𝙃𝘾𝙍 (𝙃𝙖𝙪𝙩 𝘾𝙤𝙢𝙢𝙞𝙨𝙨𝙖𝙧𝙞𝙖𝙩 𝙖𝙪𝙭 𝙧𝙚́𝙛𝙪𝙜𝙞𝙚́𝙨), 𝙡’𝙖𝙜𝙚𝙣𝙘𝙚 𝙙𝙚𝙨 𝙉𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣𝙨 𝙐𝙣𝙞𝙚𝙨 𝙥𝙤𝙪𝙧 𝙡𝙚𝙨 𝙧𝙚́𝙛𝙪𝙜𝙞𝙚́𝙨
Sur un quartier résidentiel qui subit fréquemment des attaques aériennes russes, nous avons rencontré les responsables du HCR qui coordonnent les actions humanitaires sur cette zone de l’Ukraine particulièrement touchée. Ils viennent en aide à ces communautés proches de la ligne de front en leur fournissant de la nourriture, des soins de santé, des abris, une aide financière, une éducation d’urgence, une protection et d’autres services vitaux. Nous avons pu également mesurer l’importance de leur travail en échangeant avec une famille dont l’appartement a été soufflé par une attaque aérienne. Dans leur cuisine, contre-plaqués aux fenêtres mais sourire aux lèvres, preuve de leur résilience, ils nous ont partagé leurs difficultés du quotidien et le rôle qu’a joué le HCR auprès d’eux.
𝙉𝙪𝙞𝙩 𝙘𝙤𝙢𝙥𝙡𝙞𝙦𝙪𝙚́𝙚…
Partis en fin d’après-midi, nous avons roulé plusieurs heures avant de rejoindre notre hôtel pour une nuit marquée par plusieurs alertes de drones, dont certains sont tombés sur la ville.
Ce matin, départ pour notre prochaine destination au petit matin…
- Jour 3 – 26 février 2025 : ODESSA – MOLDAVIE
Après une courte nuit ponctuée d’attaques de drones russes, nous sommes repartis recueillir de précieux témoignages pour adapter nos aides et apporter notre soutien aux Ukrainiens.
𝙑𝙞𝙨𝙞𝙩𝙚 𝙙’𝙪𝙣 𝙡𝙮𝙘𝙚́𝙚 𝙖𝙜𝙧𝙞𝙘𝙤𝙡𝙚 𝙙𝙚 𝙡𝙖 𝙥𝙧𝙤𝙫𝙞𝙣𝙘𝙚 𝙙’𝙊𝙙𝙚𝙨𝙨𝙖
Dans ce lycée, nous avons rencontré des élèves engagés dans l’apprentissage des techniques agricoles, mais aussi formés aux premier secours dits « tactiques », utiles en cas de fusillade ou de bombardements, et au pilotage de drones, des appareils omniprésents dans la guerre contre la Russie.
𝙎𝙚́𝙦𝙪𝙚𝙣𝙘𝙚 𝙢𝙚́𝙢𝙤𝙧𝙞𝙚𝙡𝙡𝙚 𝙖𝙪 𝙘𝙞𝙢𝙚𝙩𝙞𝙚̀𝙧𝙚 𝙙𝙪 𝙫𝙞𝙡𝙡𝙖𝙜𝙚, 𝙧𝙚́𝙜𝙞𝙤𝙣 𝙙’𝙊𝙙𝙚𝙨𝙨𝙖
Nous avons rendu hommage à deux jeunes morts au combat : un ancien élève du lycée agricole, âgé de 22 ans et en présence de sa maman, un villageois de 30 ans. Un moment empreint d’émotions qui rappelle douloureusement l’atrocité de cette guerre.
𝙀𝙣𝙩𝙧𝙚𝙩𝙞𝙚𝙣𝙨 𝙖𝙫𝙚𝙘 𝙡𝙚𝙨 𝙖𝙪𝙩𝙤𝙧𝙞𝙩𝙚́𝙨 𝙙’𝙊𝙙𝙚𝙨𝙨𝙖 𝙚𝙩 𝙙𝙚𝙨 𝙧𝙚𝙥𝙧𝙚́𝙨𝙚𝙣𝙩𝙖𝙣𝙩𝙨 𝙝𝙪𝙢𝙖𝙣𝙞𝙩𝙖𝙞𝙧𝙚𝙨
Avec le maire d’Odessa, Hennadiy Troukhanov, le gouverneur Oleh Kiper, et les organisations humanitaires engagées au quotidien sur le terrain (UNICEF, Médecins du Monde, Croix Rouge), nous avons fait le point sur la situation actuelle dans cette région de l’Ukraine qui subit de nombreuses attaques aériennes. Nous avons notamment parlé des dispositifs d’urgence mis en place auprès des populations, du calibrage des aides à apporter, mais également de l’après guerre et des actions de reconstruction à mener.
𝙑𝙞𝙨𝙞𝙩𝙚 𝙙𝙚 𝙡𝙖 𝙘𝙖𝙩𝙝𝙚́𝙙𝙧𝙖𝙡𝙚 𝙙𝙚 𝙡𝙖 𝙏𝙧𝙖𝙣𝙨𝙛𝙞𝙜𝙪𝙧𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣 𝙙’𝙊𝙙𝙚𝙨𝙨𝙖 𝙗𝙤𝙢𝙗𝙖𝙧𝙙𝙚́𝙚 𝙥𝙖𝙧 𝙡’𝙖𝙧𝙢𝙚́𝙚 𝙧𝙪𝙨𝙨𝙚
L’Unesco a recensé des dommages infligés par l’armée russe à plus de 270 sites culturels, dont la Cathédrale de la Transfiguration en plein cœur d’Odessa, partiellement détruite par un missile en juillet 2023. Notre délégation menée par Gabriel Attal a pu échanger avec le Pope sur les dégâts et les projets de reconstruction. En attendant les messes se déroulent au 2e sous-sol de la cathédrale qui sert toujours d’abri contre les bombardements.
𝙏𝙧𝙖𝙟𝙚𝙩 𝙚𝙩 𝙣𝙪𝙞𝙩 𝙖̀ 𝘾𝙝𝙞𝙨𝙞𝙣𝙖𝙪 (𝙈𝙤𝙡𝙙𝙖𝙫𝙞𝙚)
Dans la nuit, nous avons rejoint, par le poste-frontière de Mayaky (UA)/ Palanca (MO), la Moldavie. Après une très courte nuit, nous sommes repartis en France avec des témoignages précieux qui guideront nos actions en faveur de l’Ukraine, que ce soit au regard de sa situation actuelle, mais aussi de sa reconstruction quand la guerre sera finie.
Je suis très reconnaissante à Gabriel Attal de m’avoir associée à ce déplacement parlementaire.
Merci aussi à son équipe, aux services de l’Ambassade de France en Ukraine et aux membres du GIGN qui ont permis ce déplacement.
Cette expérience extraordinaire, rythmée par des moments de grande émotion, nous permet de mieux comprendre les enjeux de ce conflit à partir des retours des parties prenantes engagées sur le terrain.
Des clés de décryptage essentielles pour mieux agir, à notre niveau de parlementaire, sur les aides et les leviers d’actions à apporter à l’Ukraine.
Slava Ukraïni